LoL : la nouvelle règle de coaching risque de ne rien changer pour l’élite

Riot Games va enfin tester le coaching en direct sur League of Legends, avec une expérimentation prévue en LCK (Corée) et en LCP (Pacifique). Sur le papier, l’idée semble révolutionnaire : permettre à un coach d’intervenir pendant la partie pour guider ses joueurs. Dans la réalité, le bénéfice risque d’être très limité, notamment pour les meilleures équipes.

Tout le monde s’accorde à dire que les coachs sont essentiels dans la réussite d’une équipe pro. Une bonne stratégie peut parfois représenter la moitié du travail, surtout dans des formats comme le Fearless Draft, où la réserve de champions se réduit au fil de la série. Jusqu’ici, le rôle du staff était cependant cantonné à l’avant et l’après-match. Une fois la partie lancée, les joueurs étaient livrés à eux-mêmes.

Avec ce nouveau système, ce ne sera plus totalement vrai. Mais est-ce vraiment une bonne chose pour les équipes de haut niveau ?

Comment fonctionne le coaching en jeu ?

Riot a défini un cadre très précis pour ce test :

  • Le coaching en jeu est optionnel : chaque équipe choisit ou non de l’utiliser
  • Une seule personne du staff est autorisée à parler à l’équipe, depuis une salle isolée, sans aucune communication extérieure
  • Ce coach ne voit que la vision de son équipe, comme un joueur. Il ne dispose pas de la vision globale.
  • Il peut parler à ses joueurs trois fois par match, pour des séquences de 45 secondes maximum.
  • Le jeu ne se met pas en pause : les joueurs continuent d’évoluer en pleine action pendant que le coach parle.

Rien n’empêche les autres membres du staff de regarder la rencontre comme d’habitude et d’analyser le match en temps réel, mais seuls ceux présents dans la salle dédiée peuvent intervenir.

Sur le papier, certaines équipes pourraient même recruter un coach spécialisé dans l’in-game, pendant que le reste du staff reste focalisé sur l’analyse stratégique globale. Mais la mise en place de ce système pose de vrais problèmes.

Pourquoi les meilleures équipes n’en ont pas besoin

Pour les meilleures équipes, ce nouveau coaching en jeu ressemble plus à un risque supplémentaire qu’à un vrai outil de progression.

1. Que se passe-t-il si le coach se trompe ?

Si une équipe perd une partie suite à une mauvaise décision commune, tout le monde assume :

  • on analyse la situation
  • on corrige
  • et la responsabilité reste collective

Mais si la défaite vient d’une recommandation du coach pendant une des fenêtres de 45 secondes, le risque est tout autre :

  • perte de confiance dans le staff
  • tensions sur le long terme
  • impression que la défaite provient de l’extérieur

Le lien de confiance entre joueurs et coachs, déjà fragile dans certains contextes, pourrait en pâtir.

2. Ajouter une voix de plus dans un système qui fonctionne déjà

Dans les meilleures équipes, il existe souvent un leader naturel. L’exemple de Faker chez T1, champion du monde de League of Legends, est frappant

En 2023, lorsqu’il se blesse, son équipe enchaîne une série défaites, malgré la présence de son remplaçant Poby. Ce dernier est un execellent joueur mais manque cruellement de leadership et de vision de jeu, soit les atouts phares de Faker ; soit exactement les éléments qui ont le plus manqué à T1.

Dans ces conditions, ajouter une personne supplémentaire ponctuellement n’a aucun sens.

Si on a déjà un leader qui sait gérer les stratégies, coordonner l’équipe et prendre les bonnes décisions sous la pression, alors rajouter une voix extérieure, en décalage avec le ressenti in-game, peut faire plus de mal que de bien.

Un vrai atout pour les équipes perdues en late game ?

Attention : dire que la règle est peu utile aux meilleures équipes ne veut pas dire qu’elle est inutile pour tout le monde.

Certaines équipes :

  • manquent de stabilité en fin de partie
  • n’ont pas de stratégie claire
  • ou s’effondrent souvent suite à une mauvaise décision 

Pour ce type d’équipe, un coach capable d’intervenir à des moments clés pourrait :

  • recadrer le plan de jeu
  • clarifier les priorités
  • calmer les émotions dans une partie tendue

Il existe des équipes pour lesquelles le coaching en jeu peut être un vrai levier de progression.

Mais si Riot décide de pérenniser cette règle, ce ne sont pas les meilleures équipes qui en tireront le plus de bénéfices, au contraire :

  • les équipes structurées avec un leader fort n’auront aucune envie d’ajouter une couche supplémentaire de complexité
  • les autres pourront y voir un moyen de combler une faiblesse 

Un outil utile… mais pas pour l’élite

Finalement, ce test de Riot ressemble à une expérience intéressante, mais fondamentalement facultative pour les grosses équipes.

Les meilleures équipes :

  • ont déjà des systèmes de communication bien rodés
  • possèdent souvent un ou deux leaders au sein de leur équipe 
  • et préfèreront probablement garder la main à 100 % une fois la partie lancée

Les équipes les plus faibles, en revanche, pourraient s’emparer de cet outil pour :

  • stabiliser leur mid/late game
  • former de futurs leaders
  • et travailler plus efficacement leurs prises de décisions sous pression

Si le coaching en jeu survit à la phase de test, il sera surtout utilisé par des équipes en quête de repères, pas par celles qui dominent déjà la LCK ou la LCP.